Le continent Langevin Notice biographique |
Ta
vie s'arrête au bord
De 1944 à 1951, il complète ses études primaires à l 'école de son village; puis, de 1951 à 1959, il poursuit un cours classique qu'il ne terminera pas. Ce sera d'abord au Séminaire Saint-Alphonse, chez les rédemptoristes de Sainte-Anne-de-Beaupré (les " rédempterroristes ", disait-il en riant), puis chez les oblats du Collège de Jonquière (1956-1958), enfin chez les sulpiciens du Séminaire de philosophie, rue Côtes-des-Neiges à Montréal (1958-1959). " Ce n'était pas des gens à toucher aux petits gars : ils seraient plutôt sortis avec les mères des élèves. Ils étaient humains et ils ne m'ont pas touché sexuellement, ni textuellement d'ailleurs : ils ne m'ont touché nulle part, sauf au cur. " Il rappelait volontiers les noms de certains qui l'avaient marqué. " Le père Lucien Harvey, le père Arguin, le père Samuel Baillargeon. D'autres encore. J'adore ces gens-là, et ce sont des prêtres. J'ai reçu d'eux, du Séminaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, tout ce dont j'avais besoin pour écrire. Je connais aujourd'hui beaucoup de jeunes poètes bourrés de talent, mais qui ne peuvent donner toute leur mesure parce qu'on ne leur a pas enseigné leur langue, la syntaxe, la grammaire. " Langevin complète ses années d'apprentissage en suivant quelques cours à l'Institut Leguerrier, à Montréal, en 1959. En 1958, à Roberval, il a fondé les Éditions Atys, inaugurées par la publication d'un recueil collectif. Ce sont les Éditions Atys qui publieront, mais à Montréal cette fois, les premiers ouvrages de Langevin ainsi des recueils de Serge Deyglun, Jean Gauguet-Larouche, André Major, Yves-Gabriel Brunet, Georges Dor, Jacques Renaud, Marcel Bélanger et Gilbert Moore, entre autres. C'est aussi en 1958 que se situe sa rencontre avec Gaston Miron : " Mon maître, mon père en poésie, c'est lui; je voue à Miron une immense admiration. " Pour gagner sa vie, Langevin travaille tour à tour comme éducateur auprès d'enfants intellectuellement déficients à l'Institut Doréa (1960-1961), comme surveillant à la Bibliothèque Saint-Sulpice (1962, 1963-1964) - aujourd'hui la Bibliothèque nationale du Québec -, comme scripteur au Service d'informations de Radio-Canada (1964-1965), comme correcteur d'épreuves aux Presses de l'Université de Montréal, comme membre du comité de lecture des Éditions La Presse (1975-1976) et comme directeur adjoint des Édition Parti pris (1977-1982). Il travaille, c'est-à-dire qu'il " fait du temps ", selon sa propre expression. Parallèlement, il donne des cours de littérature et de rédaction française à l'Université ouvrière (1961-1962), cette expérience mise en place à Montréal par Jean Fortin, puis il fonde, en 1961, le Mouvement fraternaliste - ceci, affirmera-t-il, avec l'appui de François Hertel, alors en exil en Europe - et publie en 1964 Les Cahiers fraternalistes. Il s'en explique ainsi : " Ça peut paraître prétentieux, j'ai fondé une philosophie : le fraternalisme. C'était un mélange d'existentialisme et de marxisme, qui correspond pas mal à ce que je suis. [ ] J'avais inventé le terme, je pensais que d'autres - comme François Gagnon - formuleraient la philosophie, une philosophie qui aurait été faite par plusieurs . " À la même époque, il anime aussi des récitals de poésie au Bar des arts (1963-1964) et au Perchoir d'Haïti (1964-1965). Il obtient en 1966 le prix Du Maurier, pour « Un peu plus d'ombre au dos de la falaise ». En 1966 également, il commence à écrire des chansons qu'il donne en récital en tant qu'auteur-compositeur-interprète à partir de 1968; il participe en outre, avec Patrick Straram et Armand Vaillancourt, aux spectacles et conférences des Ateliers d'expression multidisciplinaire (1973-1974). " J'ai écrit 300 chansons. Il y en a quelques-unes de connues. J'ai fait des spectacles aussi et des conférences. Gaston Miron également, mais pas dans les même rues. Hubert Aquin était pareil. On est un monde de parleurs. " De 1973 à 1981, il collabore régulièrement à Hobo-Québec. Avant ces dates comme après, il collabore aussi à divers magazines et revues. En avril 1979, il reçoit le prix du Gouverneur général 1978 et remet en partie la bourse qui l'accompagne à un organisme qui travaille à la défense des prisonniers politiques du Québec. Boursier du Québec et du Canada à de nombreuses reprises entre 1980 et 1993, il se consacre essentiellement pendant toutes ces années à l'écriture poétique, produisant un grand nombre de poèmes et de chansons dont une partie seulement est publiée. En 1994,
il reçoit le prix Alain-Grandbois de l'Académie des lettres
du Québec. Gilbert Langevin meurt à Montréal le
18 octobre 1995. |
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biographique
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mise en ligne 4 juin 2005
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