ALPHONSE PICHÉ (1917-1998)
Né à Chicoutimi (Québec) le quatorze février 1917, le poète Alphonse Piché est membre d’honneur de la Société des écrivains de la Mauricie, de l’Union des écrivains québécois et du Centre de recherche en études québécoises de l’Université de Toronto. En 1947, il recevait le Prix de la Province de Québec, en 1966 le Grand Prix littéraire de la Société Saint-Jean-Baptiste, en 1977 le Prix du Gouverneur général du Canada, en 1986 le Prix littéraire de Trois-Rivières; en 1988, un Doctorat Honoris causa lui fut attribué par l’Université du Québec à Trois-Rivières. « Alphonse Piché est l’homme de tous nos regards. Comme chez Éluard, pour lui, la poésie est une façon de voir et de donner à voir. Comme chez Saint-Denys Garneau, elle est une façon de se déployer comme sensibilité à travers des «regards et [des] jeux dans l’espace». Cet «enfant éternel» , qui, «visage à la vitre», «regarde le vide» se fait tour à tour tendre, obscène, ironique, compatissant, amoureux, critique, séducteur. Toujours cependant la voix est fraternelle et s’insinue pour nous, avec nous, derrière «la peau déchirée des voiles ». C’est dire qu’en cinquante ans d’exploration, cette voix a tenu à se tourner vers le monde pour y puiser des images d’un drame qui se savait intime mais qui s’est élargie jusqu’à la fragilité de notre humaine condition. Elle s’est intéressée autant aux «remous» qu’aux «vives tristes amours», autant à «l’antre du sexe» où «se gonfle la mâle chair» qu’à «l’âpre étoile poursuivie et de toujours perdue». Ces moments d’arrachement au monde, elle nous les a offerts comme autant de «voies d’eau» pour dire l’humilité des «solitudes incomprises» et avouées, «aux confins des mémoires», des pensées et des images, là où les heures se fatiguent d’idéal dans une «barque blessée d’infini». Aussi, Alphonse Piché est-il un écrivain immense qui rallie toutes les générations parce qu’il a su à travers les ans se mettre à l’écoute des autres, de leurs langages, de leurs enthousiasmes et de leurs intimes blessures. Il a surtout été capable d’être l’écrivain qui a pu traverser les époques en renouvelant son écriture tout en accompagnant celle des autres à même un regard qui savait être sans concession devant la laideur des choses qui se défont. Et, comme s’il refusait l’épuisement, au moment où certains se taisent, il a pu ajouter un «dernier profil», un «sursis», un «néant fraternel». L’étude du beau, qui «tue d’être terrible», est bien, selon son frère en poésie, Baudelaire, ce «duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu». (Cf : Gérald Gaudet, poète, essayiste, dans Alphonse Piché poète fraternel : Cinquante ans de vie littéraire, Trois-Rivières, Éditions En Vrac, 1997, 87 p.) Le prix Piché de Poésie se veut un hommage à Alphonse Piché. Ce prix a été créé afin de favoriser l'écriture et la lecture poétique chez les gens de tout âge, notamment chez celles et ceux qui suivent des ateliers de création. Le prix est remis lors de l'ouverture du Festival international de la Poésie qui se tient à Trois-Rivières à tous les automnes. |
présenté par Huguette Bertrand avec la permission du poète, 1997 |
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