Marina Tsvetaeva
Mon Dieu ! Quelle désolation pour un être humain que d'être sexué. Marina Tsvetaieva dans « My Pushkin » Un doute persiste au sujet d'une relation intime qu'aurait vécue Tsvetaieva avec une femme. En raison de cela, plusieurs regroupements Gais l'ont qualifiée de «poète lesbienne». Un extrait de «Lettre à une Amazone» fut reproduit dans le Harvard Gay and Lesbian Review, et une page, lui étant dédiée, est en train de s'élaborer sur le site Lesbian Poetry Page. Mais Tsvetaieva peut-elle véritablement être considérée comme étant une «poète lesbienne»--en ce sens, quelqu'un dont l'écriture poétique aurait été profondément influencée par ses expériences homosexuelles ? Je suis tentée de dire non. Premièrement, un fait demeure, à proprement parler. Tsvetaieva n'était pas une lesbienne, elle était bisexuelle. La plupart de ses relations affectives l'ont été avec des hommes, et même durant sa relation avec Sophia Parnok, elle persistait à dire «Je serai toujours amoureuse de Seryozha». Le plus important, c'est qu'elle ne s'est jamais identifiée comme étant lesbienne, même en étant impliquée dans une relation amoureuse homosexuelle. Rappelons que dans les cercles fréquentés par Tsvetaeva, l'amour lesbien n'était pas particulièrement considéré scandaleux, et plusieurs femmes qui étaient engagées dans cette voie ne se considéraient pas en marge de la société. Deuxièment, mise à part ses oeuvres «L'ami», ou «L'erreur», il n'est pas évident que la poésie de Tsvetaieva ait été significativement influencée par ses expériences sexuelles ou par une identité lesbienne ou bisexuelle. Au contraire, elle semble avoir été davantage infuencée par ses relations hétérosexuelles. Selon les biographes de Tsvetaieva..... Elain Feinstein soutient également que les relations qu'entretenaient Tsvetaeva avec les hommes ont été l'un des principaux mobiles qui a influencé ses décisions peu judicieuses au cours de sa vie. Dans sa biographie, Feinstein ne semble pas considérer les relations lesbiennes de Tsvetaeva (elle n'en mentionne que deux--celle, très bien documentée, qu'elle a eue avec Sophia Parnok, et une autre possible avec Sonya Golliday) comme ayant été importantes durant sa vie. Elle mentionne, au sujet de sa relation avec Parnok, «Marina considérait qu'elle appartenait toujours, en quelque sorte, à son mari, en toute tolérance.» Toutefois, dans sa biographie de Parnok, Diana Burgin est en désaccord. Elle décrit Tsvetaeva comme étant une lesbienne non avouée, et dit qu'elle était principalement attirée par les femmes. Apparemment, et quoiqu'il en soit, elle croit que la principale contribution de Tsvetaieva à la poésie russe lesbienne fut la poésie qu'elle inspira à Parnok. (Tsvetaieva, qui écrivit dans «Un esprit captif» que «d'inspirer des poèmes allait bien au-delà que de les écrire soi-même,» aurait probablement approuvé.) Dans son livre à paraître, Sibelan Forrester déclare que les cycles du désir sexuel de Tsvetaeva--d'abord envers les femmes, ensuite envers les hommes--furent d'une grande importance dans son processus de création. Dans cet ouvrage de Marina Tsvetaieva : «The Double Beat of Heaven and Hell», Lily Feller déclare que «la relation amoureuse entre Tsvetaeva et Sofiya Parnok, fut probablement la plus passionnée, et sexuellement la plus satisfaisante dans la vie de Tsvetaeva. Plus loin, elle souligne, «La douleur de Tsvetaieva [lors de la rupture d'avec Parnok] s'est transformée en hostilité et dénégation de l'importance du rôle qu'avait eu Parnok dans sa vie. Une blessure qu'elle a subie aux mains d'une femme qu'elle n'oubliera jamais. Quand elle rencontra une autre Sonya [Sofia Gollidey], quelques années plus tard, elle n'osa se commettre dans une relation intime. Au cours de relations subséquentes avec des femmes vers lesquelles Tsvetaieva fut sexuellement attirée, encore là, elle évita de se commettre bien qu'éprouvant toujours des réactions émotionnelles. Citant un souvenir de Tsvetaieva retrouvé dans «My Pushkin», qu'à l'âge de six ans, elle «devint non seulement amoureuse de Onegin, mais de Onegin et Tatyana (et peut-être un peu plus de Tatyana). Feiler déclare «Son désir de se perdre dans l'autre dans l'union totale, était si puissant, qu'elle était prête à faire l'amour aux hommes comme aux femmes, mais un peu plus aux femmes. Elle retrouve de nouvelles preuves de bisexualité dans l'essai de Tsvetaieva intitulé «Le diable,» dans lequel les caractéristiques sexuelles du diable sont ambiguës. Elle prétend que Tsvetaieva fut attirée par de nombreuses autres femmes en plus de Parnok et de Gollidey.
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