SOUS LE
SIGNE DES SENS
Je lis le
poème. Je le regarde. Il me fixe.
Me transporte sur ses grandes ailes déployées
vers ce lieu étrange qui me construit
à même les autres.
À même leurs vertiges, j'apprends.
J'apprends à naître dans le poème.
J'ose quelques mots embués
sur la ligne blessée du temps.
Blessure à même la blessure, j'écris des signes, miroir des sens.
Je rôde autour de la volupté. Je m'en grise même !
Puis je dégrise, éclatée en vers.
Vers qui ? Vers quoi ?
Vers ce poème qui m'apprenait le sens des signes.
Signe des différences à reconnaître
dans une parole unique.
Signes dans l'ascension d'un désir. Désir des sens.
Sans dessus dessous à même les sens,
le désir à naître.
06.05.00
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J'ai cette
gourmandise
de rayons printaniers
ramassés ça et là
à travers pluies
et sol aride
par le tendre m'encerclent chaud
dans la crème des désirs
06.05.00
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Entre les
vagues puissantes du désir
s'évanouissent pleurs et rires
devant le blanc gémissement de l'âme
enfermée en son plaisir
aiguisé par les doux mots doux
mots tendres fous
répandus par le geste des mains
sur la peau lisse des rendez-vous
émulsion des bleus
dans le vert des étonnements
12.05.00
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L'autre
miroir des solitudes
retourné à son désir
le désirable en l'autre
le plein désir en ce trop plein de vie
vie pleine
vie
à même les déchirures
désir plein désir
à même chaque instant
instants inextinguibles
vertiges
une voix
murmure l'amour
n'apaise pas
reprend son souffle
sur le chemin des impromptus
nous rappelle qu'il était une fois
ce fou désir en soi
sagement enrobe l'Être
l'autre
en son désir
au seuil de l'éclatement
12.05.00
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Habillée
de langages
une femme nue fragile
forte en ses mots
s'abreuve aux fontaines du désir
parole en son murmure
son chant blessé
dénoué par la nuit
16.05.00
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S'effritent
les regards
au coeur du mouvement
se reforment se transforment
par la passion du vent
se chagrinent puis s'enchaînent
dans le gouffre amoureux
viennent sourire à la rose
dans le rouge du matin
Point...
à la ligne
03.06.00
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CHAUDE CHOSE
On s'enchaîne
on s'déchaîne
pour l'amour d'une rose
maintenue à distance
par de trop grandes marées
repoussée jusqu'au pied d'un murmure
pourrissement
de la rose
dans le jardin chaud des fauves
d'un regard d'une pensée
nommez-la...
Chose
07.06.00
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RE-NOIR
S'effiloche
la peine
au bout d'un vain désir
derniers râles
sang des mots
répandu rose
sur la toile d'un bleu pastel
y mélanger du vert espoir
dans ce mauve
un peu de gris quand même
sur le rouge passionné
puis le retour au noir
rien que
soi
dans ce désert de mots
rien que soi devant soi
miroir des passions des chutes des ascensions
et rechute
et remonte la pente
seule
avec d'autres
sur la toile
de trop de fois
que le temps ne mesure plus
11.06.00
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PASSAGE
Une image
surgit
de la toile des passions
fibres de chair de sang
embrasées dans le piège des fragilités
abreuvées à même le désir
d'une nuit fauve
dans la lumière interrompue
tissent au passage
des contours incendiés
sur le corps rompu
12.06.00
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Justesse
du mot rebelle
que le vent hurle
à travers la houle des désespoirs
malgré la plaie vive du dur désir
emprisonné dans la nuit glauque
au seuil de l'effacement
supplique
du chant
phrases hurlantes
dans le ferment du désir
toujours murmuré
par le regard en équilibre
sur un mot juste
rebelle
inoublié
13.06.00
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CHAIR FLUIDE
Ni aube
ni aurore
répandue chair et sang sur les lignes
j'efface les hiers
au fil des lendemains
les nuits me prononcent
les matins en maraude
j'avance
j'avance et longe des vertiges
quand tout près
un visage fluide déjoue l'abîme
son mot me déplie
sa phrase me secoue
interruption d'un mal brisé
par le feu des passions
embranchement d'un tout écartelé
abandonné au seuil de l'épuisement
son ressac creuse des rigoles
enchevêtrées parmi les sourires bleus de l'été
présence rouge cueillie sur les lèvres du désir
à même les renoncements
20.06.00
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ALPAMAYO
Sur tes
flancs
l'amour en zig-zag
sillonne tous les espoirs
jusqu'au sommet tente l'ultime
en altitude s'essouffle
dans sa marche supplie chaque geste
ne renonce jamais
non jamais ne s'arrête
gestes du corps
dans l'avancée de chaque pas assoiffé
seule au coeur de l'immensité
blanche immensité
tendre vertige
que la main vient déposer
sur ton corps
apprivoisé
16.07.00
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ARTESONRAJU
Émue
la montagne désirée
par son amant agile
quand lui frôle ses mystères
elle lui offre ses flancs
il explore toutes ses formes
et ses pensées fragiles
que ses pentes font valser pas à pas
s'apprivoise la beauté d'une descente
qu'un soleil fait bouger
sur son corps
convoité
01.08.00
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S'écrivent
parfois des mots
en faux-dièse en vrai-bémol
en calvacade
voyagent agiles
paissent naturels
au point du jour
remisent les nuits
allègent les heures
suspendues lourdes usées
sous les arbres
sur les pierres
se baignent dans la soupe
font claquer toutes les portes
d'un été coutumier
01.08.00
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Au jardin
un regard s'emplit de froidure
que dissipent les souvenances
de l'amour déployé
sur la trace d'une flamme hésitante
il veille
appuyé sur l'instant des avenirs
floconneux
20.08.00
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Interminable
ce souffle ponctué
d'extraits en vagues
prolonge les jours
à l'ombre s'ajoutent
aux heures
nécessaires
08.09.00
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Doux murmure
de la chair
reflet d'un souffle passager
glisse dans le blues du silence
empreinte d'un visage
la nuit sur fond gris
semence de paroles
l'espoir sur fond noir
gestes à fleur de peau
grandes aurores
mémoire bleu de cyan
son sourire masqué
09.09.00
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Ciel
des Amériques
Ciel de nuit
Ciel de lit
du Nord au Sud
défigure la mémoire
d'un bronze tenace
porte au visage
un sourire de plomb
passe les ponts
jusqu'au quai
parole de chair
peau de papier
peau sur mesure
peauaime
09.09.00
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Il fait
ici tempête de pluie de vent
à l'image d'une turbulence fait chair
chair d'abîme
entre tous les abîmes
chair des renoncements
à l'effigie du silence accordé
à tous les silences
à croire que les dieux imaginés
invitent à la redondance d'histoires anciennes
perdues dans les rêves
rejetés dans le néant
dont seule demeure
une parole imprononcée
imprononçable
21.09.00
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Quel interdit
a ce goût du silence ?
n'a le goût que des sens
gravitation sur le corps déployé
d'un regard poursuit la ligne pure
abandonnée dans la soie des gestes
sur le parcours d'une fièvre
murmure des instants doux
ce goût de sel que les vagues transportent
jusqu'aux lèvres multipliées
viennent colorer la nuit
ses ombres emportées
dans un délire
spontané
23.09.00
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Terre de
ta vie
via la terre de sable fin
ses vagues de sel
de mer en vague
quand tu divagues
sur l'horizon chargé de cris
quand vient l'écrit
l'appel du lit
surbondance
de l'infini
29.09.00
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Dans la
salle des occupations
le jour se fait tard
en toute patience
voit la nuit l'achever
quand la peau glisse limpide
sur les pierres
amassées par le roulement
des vagues fluides
de l'amour
m'a lâchée
dans la blancheur de la nuit
m'a laissé dormir hors des questions
m'a exilée tournoyante
vers le milieu du lit
sans déranger les rêves voisins
quand tout à coup
sonna l'heure de l'abordage
sur le pont d'un autre jour
c'était lundi
le retour
02.10.00
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Dénuement
dans ce champ immense
de la fragilité
course folle d'un espoir replié
dans les coins d'ombre
s'enfonce dans l'étrange mouvement
des sensualités incandescentes
quand se murmurent des paroles
prolongées sur le corps
accentué
par son ascension du désir
05.10.00
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du septembre 1999 au 5 octobre 2000
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