PLAINE
Sans avoir
à raconter la vieille dame se mit à parler
Rien nest
plus comme avant
Sauf moi
Je suis restée inchangée
Je regarde les alentours pétris de temps
Me cherchant un réduit
Pour caser ma raison loin des harmonies
Mais rien ne sort de mes suites désarticulées
Et me posant la question du pourquoi
Je ne me trouve pas décho
Dans les mailles de ma mémoire termitière
Je minterpose entre lespace et le temps
Comme une pensée fossile
Je ris de mes subtilités archaïques
Je me revois récitant Khayyâm dans les larmes
Plaignant les cruches
Déversées sur le doute ontologique
Rien nest plus pareil
Je demeure
Aujourdhui il a plu, cest jour dété dans
la plaine qui flirte avec mes formes
ravagées, je me suis noircie les yeux de khôl, pour voir
les nuances douces
Des ombres qui sallongent sur mes reliefs fuyant
les adjectifs ils me rassurent j'en raffole
Sur le piano qui sommeille dans son absolu une fine poussière sest
posée
Je la garde pour distraire mon index qui tracera un cur et une flèche
Comme au temps des graffitis rupestres sur les cloisons du Tassili
Je suis restée pudique
Rien nest plus comme, cette comparaison moblige à un
ton des plus fous
Je ny crois rien
Jaime chanter et me laisse prendre aux ondulations tristes sans
y succomber
Je compte durer encore,
je souris des yeux assombris
Mon ami dautrefois doit être mort
Ça ne laisse même pas un vide
Comment rester discrète dans cette quantité de choses accumulées
Cet amas de mots et de monuments délirants
fine poussière sur un buffet clinquant serait-il devenu
Jimagine des chutes dempires des cataclysmes solaires et foules
de remous
Planétaires je redessine la carte des étoiles et change
souvent le tracé des comètes
Dans les larmes je commente les Jardins de Saadi à mon intelligence
poétique
Cela aussi existe nen déplaise
Je marche le soir et les matins aussi dans mon jardin potager
Je mélange les arômes dans mon cur en frottant des
mains les racines profondes
Seule je sais le procédé
Jenfouis parfois dans la terre des vers de toutes sortes
Rien nest plus je mentête à le croire et à
me fondre dans ce méandre sans nom
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