ALCHIMIE DU DÉSIR , La Bartavelle Éditeur, 1996.
(extraits)
Sous nos genoux, à vif
sur nos nervures, l'apai-
sement des plans d'eau. Quelque chose comme le mouve-
ment d'une immobilité. L'immuable et l'accessoire. Le
temporel et l'éternité. J'ajouterai le vert. Et si je veux
peindre absolument l'aquarelle de cet amour qui nous
soude dans nos molécules mêmes, je dirai le bleu. Un cer-
tain bleu. Comme ces fumées d'horizon qui partent à l'infi-
ni,le soir, cette ivresse légère du temps qui passe, ne pre-
nant en compte, finalement, que notre immortalité.
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Passés
les murs du désir, il reste encore la soif:
cette soif qui nous porte et nous fait ce que nous sommes.
On peut tout oublier, un jour il faut recommencer. Une
immense amnésie nous fait la grâce du pardon; nous déva-
lons de nouveau les petits sentiers qui ne mènent nulle
part. C'est à dire Ailleurs.
Et c'est l'enfance,ses salves d'aubes,
le dessin
du givre sur les vitres, une immensité de pommiers à crouler
sous la mémoire, et nous, encore,dans les reflets de sabre
des miroirs
L'amour
Enfin redécouvert.
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Attends
le soir et son vacillement hautain de Prince :
tu m'es substance et chevauchée, égoïsme perdu dans les
égoûts du temps. Ne s'égarent que les dédales, les com-
pliqués échevaux.
La mélodie fondamentale, la
ligne pure, elle, troque
sa virginité pour un sourire de toi.
Annulant dans ses étraves ces
quelques plis amers
qui font l'antique pesée des âmes.
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Septembre
et ses coulées de fruits, la cible dure de
Janvier, l'aura de Mai
Jamais n'égaleront ces replis où
tu te glisses, insolent
et subreptice, avec tes coulées de givre,la couronne bleue
de tes saisons, cet Instant saisi où tu me poignardes,
Lieu géométrique de nos convergences,
quand la sub-
stance même s'évapore et devient plus subtile que la lumiè-
re.
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