NUDITÉS
Nudité :
La peau,
Une plage offerte
À l'écriture du désir
Au surgissement provisoire
Visage renversé
Entendre par les mains,
Voir par le ventre,
Par les cuisses, par le dos,
Dans le mouvement, boire
Et ne plus rien
savoir
que de l'intime, le tournoiement
Faire silence
pour que se nouent, là sur la peau
entre mon être et l'air
noces inespérées
tourbillons sensitifs
mille signes affolés
nus.
Nue
Me découvrir pour
Entrer dans l'air, dans l'autre comme dans l'eau
Beau baptême de l'être
M'inscrire sur
la page blanche
Écrire avec mes traces,
Avec mes pieds ou mes cheveux
Tatouer salive, émotions et odeurs
Multitude savante
À qui le sens par trop de sens, sensations
Échappe
S'échappe.
Nue
Dérouler au-dehors ce qui s'inscrit et s'enroule en-dedans
Être, le temps d'un battement de paupières
Un livre ouvert ou
Un parchemin déployé
Puis refermer ses
pages
Reprendre ses rouleaux.
Souffrance
Que de s'ignorer
Que de ne pouvoir se lire.
Et ne se voir
Que dans les regards décalés
Je suis plus étrange
à moi-même
Que l'étranger qui me découvre
Une source inconnue
de langage.
Nudité :
Ventre et hanches de femme.
Dunes
Striées par l'étreinte du souffle
Peau où se sont inscrites mille empreintes
Minuscules oiseaux de la nuit
Traces apportées emportées par les voix
Au matin
Naissance du signe
Dans son berceau de voluptés.
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CHORÉGRAPHIES
DU NU
Nus rosés
Aubes descendant l'escalier
Nu et son double
Dans le miroir
Chair contre souffle se
regardent
Torse majuscule
Dans
l'extase
s'envole
Esméralda
Danseuse noire
Papillonne rose
Esmée,
Alda,
Parmi les signes
Esméralda
Se hâte, se dédouble
Donne échappée
au souffle
Impatient
En ses pas
Gouffre blanc et
jetés noirs
Alda défie la pesanteur
Esmée entrecroise nos vies
Peau de la lettre,
appeau de l'être
Quand le corps se fait signe
Calligraphe et chorège
Danse affûtée
sur le vide.
Esmée la
rose
Alda la noire
Esméralda
D'encre et de chair
Trouble nos arabesques.
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CALLIGRAPHIE DU
NU
Torse majuscule
Nu papillon
Pris au piège des lignes
Se dédouble
et s'échappe
Détoure ses contours
Devient phase d'une
phrase
Devient être d'une lettre
Est-il le A de
Femme
Ou le O de l'orgasme
Le I de l'origine ?
Ou parages du rien
Subtile envie de vide
Peau calme du calame
Entre pleins et déliés
Torse majuscule
Nu papillon
sur la page calligraphe :
un presque rien, ce souffle
la prescience et le désir vide
Ou encore le silence,
et qui guide la main.
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INVOLUTION
Corps
Orbe traversée
Affamée de lumière
Éclats de
voix et de caresses
Migrations de paupières sous la peau
Tout un monde replié
Involuté
Labyrinthe de la
chair
Sensations orphelines de mots
Roses
Rose rose mystique.
Divagations
Sur la peau
Lignes sensitives
Qui vont, vaguelettes
Où le frisson frisonne
Où l'ignoré surgit.
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RAMÉES
Le
nu se fait feuillée
Bourgeons éclos à même la peau
Paupières, lèvres et vulve en un seul surgissement,
En un bouillonnement du songe,
livrés.
Sur
le ventre
S'est ouverte la blessure
Délicate,
Comme feuille dépliée
Comme coquillage,
Comme chagrin d'enfant.
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Carole
Menahem-Lillin - ©
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POÉ-GRAPHIE
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