HAÏKUS

 

Mes mains ont saisi
Le néant de ton absence
L'arbre meurt sans sève

 

         

        L'été s'est enfui
        Mes pleurs ont trempé les jours
        Les feuilles sont moisies

         

               

                 

                Notre amour s'étiole
                Ranime le feu sous la cendre
                Coma dépassé



              • 01.10.99




LA CHANSON DU FOU 

Dans la voiture fermée 
Là-bas quand je suis passé 
Quelqu’un s’est mis à pleurer 
C’est une fille que je connais 
Je me suis mis à rigoler 
Les gars en blanc m’ont giflé 
Et de cinglé ils m’ont traité 
Elle sait bien que c’est pas vrai 
C’est pas un fou, le mec qu’on aimait!

La vie c’est un grand navire dématé 
Fallait pas t’y embarquer 
Y a maintenant plus que des naufragés 
Et c’est toi qui, qui sera bouffé

Dans la fumée du café 
Des hommes étaient attablés 
Je sais bien qu’ils m’en voulaient 
Et mon couteau j’ai levé 
Non je n’aimais pas les gens 
Peut-être une fille de temps en temps 
Mais au-dessus de moi le ciel 
Entre les barreaux m’appelle 
Oh là, le fou! Montez! Montez!

La vie c’est un grand navire dématé 
Fallait pas t’y embarquer 
Y a maintenant plus que des naufragés 
Et c’est toi qui, qui sera bouffé

Et les ailes noires d’un ange 
Ont frôlé mon lit de fange 
L’horizon s’est allumé 
D’une étoile de pitié 
Mes lacets j’ai enlevés 
À mon cou les ai passés 
À la fenêtre je pendais 
Vite la corde ils ont coupé 
Le fou, là haut! Le décrocher!

La vie c’est un grand navire dématé 
Fallait pas t’y embarquer 
Y a maintenant plus que des naufragés 
Et c’est toi qui, qui sera bouffé

Et Dieu qui m’a accueilli 
Dans son paradis m’a dit 
La fille qui t’a tant aimé 
Y a que là que tu peux la retrouver 
La vie c’est pas fait pour s’aimer 
Trop de gens à qui ça déplaît 
Les autres tu les as quittés 
C’était des fous tu as bien fait

La vie c’est un grand navire dématé 
Fallait pas t’y embarquer 
Y a maintenant plus que des naufragés 
Mais c’est toi qui, qui sera sauvé.


03.09.97



 
 

UN COIN DE CAMPAGNE 

La campagne se fige dans une mare de soleil. 

Les arbres, les champs, les herbes se peignent à la palette du temps. 

Un papillon tombé de l'azur pose un point mouvant sur la nature immobile. 

Des cyprès fusent de la terre. 

La route grise marche au milieu d'une haie débonnaire d'arbres ronds. 

Un chemin blanc s'en échappe, sème des toits roses, 
souligne un jardin, se boucle au gré de son humeur 
et se détend droit au coeur de la nature. 

Des barbelés saignent de grosses gouttes de coquelicots. 

La marguerite propose ses pétales effeuillés à l'inquiétude d'un coeur. 

A grands coups d'ailes un oiseau se presse de fuir cette léthargie. 

Les herbes tremblantes s'affolent sous un souffle de brise. 

Un calvaire crucifie en plein ciel un Christ lancé. 

La haie frissonne au frôlement d'un serpent froid, le garde et s'apaise.

Des fils à haute tension rayent trois fois la nature soumise. 

Rien ne l'émeut, ne la touche. 

Elle subit passive la saison et la main de l'homme, 
moins vivante qu'un tableau où l'âme de l'artiste est passé. 

Par-dessus le ciel la contemple sans l'atteindre.
 

22.04.97



 

LASSITUDE...

Une pièce une grande pièce nue 
Au milieu 
Un grand lit bas ... tout bleu 
Les draps, les couvertures, le silence 
Bleu aussi

Dans la pièce pour se reposer elle entrera 
Pas un jour...une nuit ... non 
Longtemps très longtemps 
Des jours ... peut-être des mois

Il faudra qu'il l'aide à se coucher 
À se déshabiller 
Simplement bêtement 
Comme on couche un petit enfant 
Elle est si fatiguée

Couchée dans le lit bleu 
Avant qu'il ne s'en aille 
Des mois 
Peut-être des années

Il penchera sur elle ses yeux bleus 
Dans ses yeux 
Sur son front sa main 
Sa voix dira : dors! 
Et elle dormira 
Simplement longtemps 
Un sourire sur les lèvres 
Des années ... peut-être des siècles

Enfin! 

28-03-97

 



Page artistique et littéraire site de l'auteure


  Retour aux invités

Retour à l'accueil