UN COIN DE CAMPAGNE La campagne se fige dans une mare de soleil.
Les arbres, les champs, les herbes se peignent à
la palette du temps.
Un papillon tombé de l'azur pose un point mouvant
sur la nature immobile.
Des cyprès fusent de la terre.
La route grise marche au milieu d'une haie
débonnaire d'arbres ronds.
Un chemin blanc s'en échappe, sème des toits
roses,
souligne un jardin, se boucle au gré de son
humeur
et se détend droit au coeur de la nature.
Des barbelés saignent de grosses gouttes de
coquelicots.
La marguerite propose ses pétales effeuillés à
l'inquiétude d'un coeur.
A grands coups d'ailes un oiseau se presse de fuir
cette léthargie.
Les herbes tremblantes s'affolent sous un souffle
de brise.
Un calvaire crucifie en plein ciel un Christ
lancé.
La haie frissonne au frôlement d'un serpent
froid, le garde et s'apaise.
Des fils à haute tension rayent trois fois la
nature soumise.
Rien ne l'émeut, ne la touche.
Elle subit passive la saison et la main de
l'homme,
moins vivante qu'un tableau où l'âme de l'artiste
est passé.
Par-dessus le ciel la contemple sans l'atteindre.
22.04.97 |