Jalousies .... regards cachés
derrière les moucharabiehs des maisons
orientales
doù lon observe sans être vu.
Jalousie.
Inquiétudes et défis dun coeur
qui épie et souffre de pincements insupportables
:
on cherche la vérité en craignant de découvrir la
trahison,
supplice du sel
sur les plaies vives
au-delà de la souffrance
et du désespoir. Vouloir savoir et redouter, le visage caché derrière le voile
où seuls les yeux brillants - de rage ?
- de larmes ?
laissent entendre le cri immense de
lamour
en voyant sévaporer le mirage.
Je pourrais créer le feu par la force de mes
regards,
vous anéantir pour vous voir renaître de vos
cendres
et pouvoir enfin, avec vous,
dans leffacement de vos trahisons,
retrouver la danse damour
jusquà la folie !
24.08.99
CONTRAINTES
Je serai le pardon. Vous êtes la tourmente,
l'angoisse au bord du ravin,
au bord de vos absences,
la peur de vos départs.
Et le ciel qui s'obstine à ne pas m'écouter !
Vaines prières et vains espoirs !
Toujours votre silence, votre silence encore,
insupportable et si pesant !
Puis de nouveau l'éclaircie.
Mais pour combien de temps ?
L'espace d'un éclair à l'horloge du Temps.
Quelle déchirure, quel secret de violence
vous arrêtent sur les chemins de quiétude ?
Vous êtes l'inconstant qui va vers l'infini.
Je serai la fileuse de mes heures perdues.
Je contemple, immobile,
cet amour meurtrier, profond comme un abîme.
Les jours passent
et mon chagrin fidèle vous attend
pour disparaître
de l'autre côté de la souffrance.
VIVRE
Vivre, c'est reconstruire un château
d'illusions.
C'est donner le soleil dans le fond des puits
sombres.
C'est boire dans mes mains de l'eau dans le
désert
et c'est cueillir des fleurs en plein coeur de la
glace.
Vivre, c'est écouter les chansons d'autrefois,
pouvoir penser enfin aux Cités retrouvées
où sont frileusement cachés les rêves fous
que j'avais amassées comme trésors précieux.
Vivre, c'est les donner, ces trésors
découverts.
C'est parfumer de feu le silence apaisé.
C'est colorer la nuit des somptueux mirages,
accepter que votre ombre envahisse l'espace.
Vivre, c'est la prière au coeur des
cathédrales.
C'est glaner de l'amour au fond de vos
prunelles.
C'est chasser de mon coeur troubles et
désespoir.
C'est sentir votre main se glisser dans la
mienne.
Vivre, c'est accepter au rebord des fenêtres
des fleurs pâles de givre et des pluies de
tristesse.
C'est dans le vent d'hiver entendre le bonheur.
Mais moi, par tout cela, Ami, je ne vis pas.
RACINES OUBLIÉES
Êtes-vous arrivé par l'Est,
comme la promesse du jour
teinté du rose délicat de la tendresse ?
Êtes-vous arrivé par l'Ouest
où sont déjà couchés tous mes soleils
éteints,
où je garde - pour qui ? - mes lampes
allumées
et les flammes hautes et vibrantes
du feu dont le souffle des Dieux
a ranimé les braises ?
Êtes-vous ce Destin meurtrier d'une route
épineuse
où les désordres fous abolissent l'espoir,
où l'attente au venin profond
n'apaise pas votre absence
ni les tourments de vos Démons ?
Êtes-vous le vent des ravages
des tempêtes ourlées aux vagues déchaînées
attendant les naufrages ?
Mais serez-vous un jour,
complice et rassurant,
quand le temps vous dira
dans des chants de tumulte et d'amour
que je ne vis qu'en vous ?
ODE À UN AMOUREUX
Vaste est l'ennui de mes nuits blanches.
Vers quels chemins, quels horizons
Partez-vous chercher vos revanches
contre d'implacables démons ?
Forçant de mon coeur les remous,
Triste est l'amour que j'ai pour vous !
Les souvenirs en avalanches
Viennent en hâte pour moissons :
Des rameaux en fleurs et des branches,
Tristesse des mortes saisons.
Éclaboussant mes rêves doux,
Triste est l'amour que j'ai pour vous !
Fol est l'espoir des jours pervenches !
De mon baladin, les chansons,
Comme les cloches des dimanches,
Parlent d'ailleurs et de dragons,
De chimère et de songes fous.
Triste est l'amour que j'ai pour vous !
MELANCOLIE
Écoute ! Il est bien tard.
Les vents se sont calmés.
Tout à l'heure, dans le ciel, au bout de
l'horizon,
de grandes chevauchées de nuages en feu
traversaient vivement le jour qui finissait.
Il fait nuit maintenant.
Mais le songe est resté,
s'attardant sous le gris de la lune nouvelle,
pâle sous les brouillards frileux.
Bientôt, toute couleur s'estompera,
et la nuit qui s'étend
reprendra son royaume jusqu'au prochain matin,
Pas d'étoiles.
Seuls, quelques réverbères,
présents par des croix de lumière
percent le silence de la brume.
Et mon âme,
comme le soir dans ce brouillard,
se cristallise en diamant noir
dans la mélancolie.
LE MUR
Tu as dressé des murs immenses.
Autour de toi ? Autour de moi ?
Je me débats contre ces pierres de silence,
d'absence, de souffrance
Et j'attends.
Tu n'as pas vu que des brêches subsistent,
celles qu'ont creusées mon attente et
l'espoir.
Je vais de l'une à l'autre essayant d'entrevoir la
lumière,
de te voir peu à peu t'approcher des remparts.
Tu as voulu m'y enfermer.
Tu ne vois pas que tu t'y cognes.
Tu les crois si petites, ces fenêtres,
alors qu'un jour, peut-être,
tu les sauras infinies.
LE CHEMIN DE NULLE PART
Avais-je remonté le temps
pour enfin vous retrouver ?
Cela devait être inscrit depuis l'aube du
monde.
Tout à coup,
un cyclone a brouillé les pistes fragiles
tracées dans le sable
et que nous suivions
à la recherche d'un astre fabuleux.
Je ne sais où je suis, je ne sais où vous
êtes.
Où retrouverai-je la Rose des Vents
qui me conduira sans péril,
là où je dois aller ?
Là où vous n'êtes, peut-être, déjà plus,
car vous êtes un errant,
un vagabond de l'âme,
voyageur sans bagage qui ne dit jamais son nom,
et qui repart seul,
sur le chemin de nulle part,
comme le berger des étoiles.
CRAINTES
Ne pars pas trop longtemps
par des chemins obscurs.
Rappelle-toi ?
Celui qui te conduit à moi
est tout droit, sans embûches.
Tout au bout, je t'attends.
Le sable de l'allée n'est marqué d'aucun pas.
Aucune trace. La lumière filtre
à travers les branches des arbres qui se
déshabillent
Encore l'automne et puis l'hiver,
et puis le temps qui passe.
Mon âme se resserre autour des lampes à
l'huile
et se recroqueville, et te cherche et
t'appelle.
Je la sens qui gémit et qui se désespère.
La maison se recueille et file mes silences.
Fragile est ton image estompée qui vacille.
Quand viendra le matin qui te ramènera ?
où je t'accueillerai comme une certitude ?
Ne pars pas trop lontemps,
ou même, pas du tout.
AUDACES
Tu es là, corps inerte, envahi par Tes
peurs.
Je cherche à te donner, bel astre abandonné
ce que j'ai pu trouver pour Toi dans mes puits
sombres
où la lumière perce au travers des eaux
mortes.
J'ai longuement cherché la caresse absolue
qui fermerait Tes yeux sur un ciel lumineux.
Mais Tes paupières closes ne diront jamais
le regard intérieur où nagent Tes secrets.
Quelle image de feu abrite Ta pensée ?
Reçois-tu les parfums magiques de la mienne ?
Et par quel sortilège envoyer des musiques
au monde du silence où se complait Ton coeur ?
Mais partager l'émoi, le trouble, le desir,
le voudras-tu, mon âme, un jour de nostalgie
où Ton ombre perlée, douce chaleur exquise,
ne trouverait jamais de sente pour partir,
Acceptant du ciel fou les mirages des dieux
réclamés par Ta peau, même par le mensonge,
les étoiles brisées, délire et mains
tendues,
perles de lune au front, bracelets aux
chevilles
voiles incandescents, chaînes des peurs
sciées,
esclave ou bien déesse aux rêves de folie,
la poitrine éclatée par des feux d'artifice,
la Mort écartelée par le chant de mes yeux.
AMOUR ET MUSIQUE
Je suis toutes les notes de musique à la
fois.
A vous de savoir ce que vous voulez qu'elles
disent,
et dans ce qu'elles diront,
je reconnaîtrai au passage
si votre coeur est sombre ou votre âme
tranquille,
ou mon espoir en naufrage.
Avec des dièses et des bémols, mon
troubadour,
vous pourriez en faire une sonate
mélancolique,
un boléro, un hymne à l'amour,
une valse lente et nostalgique
comme les reflets de vos yeux qui me mènent au
vertige,
ou des arpèges s'enroulant en volutes
autour de la beauté lente des images qu'on
entrevoit.
Vous pourriez soutenir l'espoir
par le fil ténu d'une note effilée,
ou me parler de l'ombre qui grandit jusqu'à
m'engloutir,
avec des notes de tristesse.
Avec les mêmes notes, comme par magie,
vous pourriez écrire en moi le poème de la
Vie
ou le chant de la Mort.
Et moi, avec mes mots et mes mirages,
je tracerai sur vous la plus chaude des
symphonies.
EN PENSANT À OMAR KHAYAM
- Il est bien tard et la vie passe.
Qu'importe ! Il reste l'Amour et le Vin
et les chemins laissent à portée de main
tout ce qu'on peut cueillir.
- Mais voilà ! mes yeux sont ouverts sur le
vide
et ce pays sans frontière
où j'ai marché en somnambule
devait me conduire au bord de l'abîme.
Je t'ai reconnu sans t'avoir jamais vu,
Amour qui poursuit sa route,
et je t'ai bu jusqu'à l'ivresse
sans avoir eu besoin de vin
Et maintenant il me faut aller
me diriger dans le noir et le néant.
Mais la lumière que j'ai ravie
à tes yeux dans mes songes
te ramènera peut-être à mon pays de silence. |