Leïla ZHOUR
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Femmes
Au pied de
montagnes austères fécondes en fleuves jaunes et pourpres,
Et dans les
rues et sur les routes nous y sommes aussi,
Qui voit
? Qui sait notre existence en deçà des regards qui nous fuient ?
Couvrez de
cendre la chevelure secrète de boucles rebelles !
Nos bouches
resteront muettes sous nos mains en coupe
Au feu, nos
loques puantes verrouillées sur nos galbes d'amour !
Alors nous
renaîtrons dans le crépuscule d'un jour juste
30.09.99 |
en
arabe, "laylà" signifie "nuit" et "zhou'hr"
signifie "midi"
Au mitant
de la nuit, il y a le midi de l'amour
Au milieu
de la nuit, la clairvoyance de l'amour guidait nos mains
24.09.99 |
Je
voudrais me lover entre tes bras quand l'horreur du monde étend ses
tentacules jusqu'aux rivages de mon lit Je voudrais plonger mon visage dans le creux tendre de ton épaule quand les loups hurlent à ma fenêtre leurs mots impitoyables Je voudrais, je voudrais tant ce réconfort d'une histoire sans histoire entre nos coeurs mêlés, entre nos doigts noués Il y aurait tes yeux chargés de lumière tout près de mon visage Il y aurait tes lèvres gonflées de baisers tout contre mon visage Il y aurait toi, ces trois petites lettres capables de transmuer l'horreur d'ici-bas en espoir fou, de rendre les cauchemars supportables, un peu Nous serions comme les amants des légendes, deux êtres éternellement disponibles l'un pour l'autre Nous serions comme les époux à la fin des contes, armés par le bonheur pour résister au pire Nous serions les deux pôles d'une même sphère, le globe translucide et insécable des philosophes d'antan Tu aurais les mains chargées de caresses pour me dire encore et encore que la nuit n'est pas que ténèbres Tu aurais des paroles feutrées comme le pas silencieux des chats pour préserver ma peau si blême de la brûlure du temps Tu aurais ce regard qui jamais ne se voile quand sur mes joues déboulent les larmes du désespoir Oh, nous aurions tant à nous dire ! Tous les langages seraient nôtres, faisceau de signes trouant le brouillard de la mort silencieuse Nous aurions, nous serions, nous ferions tant et tant de choses que la vie pourrait nous paraître belle et douce Il y aurait envers et contre tout cet amour, cet irréductible amour Mais
24.09.99 |
NOCTURNE
La pluie
épaisse et froide de lhiver cogne à la vitre.
Et leau
glacée sacharne sur notre abri en forêt
Demi
sourire fixé sur une braise pas encore assez rouge
Mais
nous sommes debout face aux chenets !
Est-ce
un ordre ? Lun de nous a dit Viens !
Quelle
lenteur derrière nos souffles plus légers déjà !
Tes lèvres
sur mon épaule goûtent le sel de mon désir !
O la
pression de tes paumes assoiffées de caresses
Que les
flammes sattardent en traînées rouges et or sur notre attente,
Et nous
laissons glisser les vagues du désir
22.10.99 |
LE
BLEU DE L'ÉCRIT
Tant
de Bleu dans les mots du poète Bleu,
teinte pure sur nos horizons Bleue
la vitre profonde des cathédrales Bleu
le drap rêche du touareg sans retour Tant
de Bleu, oui, tant de Bleu dans la création Bleu
Bleu Bleu, promesse de mots dans la métaphore de demain
Bleu
mon amour comme un rêve de jeune fille Oh, le
bleu de l'oubli Tout
ce bleu qui demeure, indifférent filigrane 09.11.99
Leïla Zhour © Tous droits réservés |