Première partie - AUTOUR DU SILENCE

CHRONIQUE DES TEMPS MORTS

Dans l'épaisseur des langues
les matins lèchent le silence de nos mères
quand leurs mains pétrissent les corps
apprêtés aux semailles du vent

on les nomme sauvagement croupes
juments berbères
elles galopent dans le fumier des anges
font grincer les coeurs à la rimaille

d'un lieu sculpté à même l'hiver
une larme serpente la dorsale de leurs rêves
à l'affût des étangs grenouillards

ces géantes gravent des gestes neufs
sur la courbure du jour
oubliant leurs fils dans le magma des fatigues

elles grignotent les secondes
pour faire croire que ça sent bon vers le haut
tandis qu'en bas
les hommes rotent

durant cette inertie
l'univers dépose des lumières
sur l'oeil réduit devant tous les feux
au regret de n'avoir pu énumérer
quelques enfants mauves

femmes d'éternité
leurs chevelures s'enroulent
autour d'un chaud frisson
quand la mémoire de leurs jambes
se referme sur la tendresse
dépôt de lumière
dans la moelle du lit

JEUX ET ENJEUX

Le temps se fait vieux
quand les coeurs fous saignent
quand il n'y a plus de jeux à offrir aux enfants
quand les blessures s'enlisent
dans le secret des villes

le temps se fait vieux
quand on confie le noir au blanc
le mourir au feu de paille
sans laisser de traces
dans la dictée

le temps se fait vieux
quand les poètes confisquent le bleu
de nos mémoires
exposant les épines de nos amours
à la rosée des déserts

ALTERNANCE

Nous mourons tous en colère
d'avoir gagné si peu de temps
pour apprendre à répéter des mots tendres
pendant le goutte-à-goutte des heures
nous moulant à la terre

nous voilà ruines
et vieilles habitudes
lasses de n'avoir pas triomphé

couvertes de pierres
les années s'enchaînent à nos rêves
dans le désordre des jours mal aimés

TROU DE MATIERE

Coagulé dans la mémoire
un silence bouge
comme un mort qui bourgeonne
au coeur de l'aube
quand les pas frôlent la mécanique des corps
ces carcasses blindées

puis vient la nuit
enduite de peaux
que l'on réchauffe sous des textes
plastifiés

DÉCLIN DE L'OEIL

Belle faucheuse
la courte vie s'intéresse à ma vie
gisant au fond d'un tiroir
parmi les mauves et les gris
quand le voyage supprime les voyageurs
dans leur prison

ce délire insulte l'écriture
comme un crachat
dans l'oeil de nos miroirs

j'hésite encore
entre la patine de la nuit
les véhémences du jour
et l'embarras du verbe
à disparaître

MURMURES FAUVES

Nul sourire derrière les murs
dans les trous
errer comme un chien
qui ronge des mots tard le soir
sur les avenues mal-en-point
près des hangars
par-delà les nuits
où il n'y a plus rien à voir
plus rien à entendre que les murmures
des lendemains
des pour-plus-tard

ce rythme m'endigue
me ficelle la passion
m'enfirouape
m'achève

puis ça recommence dans la procréation
et ça tire fort sur la bride
quand on comprend
qu'une seule folie en rut
peut en venir à bout

POUSSIÈRE DE RÊVE

Cette chose qui meurtrit la nuit
c'est peut-être ma parole
dans toute sa barbarie
que mes jours tricotent à l'infini

c'est peut-être aussi un rêve déshabillé
sur la peau d'un mot qui bouge
entre ma tête et l'oreiller

c'est peut-être même ce mot
devenu paresseux
qui rêve d'un silence
dans la poussière du lit

c'est peut-être enfin le silence qui me rêve
dans l'oeil du matin

BAIN DE LUNE

A cause du clapotis des vagues sur mon dos
la lune se baigne toute nue dans mon lit
à la lueur de mon rêve inachevé

à cause du viol des jours
et la nuit qui pointe du doigt
quand la poussière s'embrase
entre deux insomnies

à cause de l'amour pour la mort
de ceux que j'ai regardés la veille
leurs gestes exilés dans ma gorge
transfusion de grenades

à cause d'une cause qui n'en est pas une
tandis que la lune se baigne toute seule
dans la buée de leurs yeux

une pierre roule dans la nuit froide
se meut très lentement
et je me rendors pour reconnaître demain
pareil à tous les autres

MOUVANCE

A l'abri d'une folie qui tourne en rond
je ne parlerai plus de l'amour
mais plutôt de la mer
de ses mouvements salins
et du bleu de mes peurs
accrochées à la ceinture

sur vos dunes
je marmonne
comme un vieil animal qui rue
sur la mouvance des villes
quand les jours se tordent
dans les reliefs du ciel

LABYRINTHE

Pose tes yeux effrayés près du lit marin
surtout ne bouge pas
les oiseaux te croient mort
noyé dans les sèves de l'enfance

si j'osais
j'emmurerais ton silence
dans le labyrinthe de tes doigts
étreignant la lumière

ordonne
et ma parole contaminera le pays
de ma chambre
tapissée de feuillage
et de plaisirs anciens
sous un ciel voyou

COUP D'OEIL

Sur les avenues américaines
mon âme farouche s'habitue à la démence
quand il ne reste plus que des restes de peurs
sur le bord de l'assiette

mais surprends-moi quand même

montre-moi des jeux de soleil
pour délivrer la jouissance
repliée derrière tes paupières

montre-moi aussi des maisons
muettes à force de quotidien
quand les amours rustiques
égratignent les corps
oubliés sur la peau de novembre

montre-moi enfin des lieux sans parlure
quand le soir cherche à nous mutiler

TOUJOURS TROP

J'ai toujours un soleil dans ma poche
en cas d'extrême nécessité
quand le bonheur fait pitié
quand les matins blanchis par la chaux tourbillonnent
dans une ville délavée
alors que les rôles font mal
mal à mes gestes
coincés entre deux jours trop courts
trop courts pour être chantés par l'intime
trop usés par l'écho des autres
trop lourds pour l'amour
que l'on suspend aux branches de l'aube
trop discrets pour être répétés par des mots
trop libérés pour la prison
multipliés par une double intensité

mais j'ai la preuve
qu'un arbre peut quand même se reposer
sous ses feuilles
malgré le nom que l'on donne aux visages

UN AUTRE JOUR

A cause d'une lente noirceur
imprégnée sur vos corps assoupis
j'ai dû veiller au bord de la page
surveillant un peuple d'images qui louvoyaient
entre les mots et les cachots
là où le noir ronge le noir
barbouille les mémoires
d'instants inédits

quel étrange bonheur
lorsque hier
une pluie de paroles déferlait
sur vos silences d'autrefois
dilatant les muscles de vos consciences rugueuses
et pourchassant les loups
jusqu'aux frontières de vos souvenirs

imaginez demain
quand il faudra balayer les feuilles mortes
les vieilles pierres crachées par la nuit
et les cendres des promeneurs en allés

vous chercherez ensuite
des forêts réprimées par le temps
et des steppes qui murmurent
les mots d'argile
à peindre sur la liberté de l'autre
incitant la flamme de vos bras nus
à reprendre le poème entamé la veille

REFLET DU RÊVE

Ma nuit devient silence
comme une pierre
quand les aiguilles de l'horloge grelottent
quand mes secondes vont s'évanouir
dans les siècles qu'il me semble avoir rêvés

mais il y a toujours une aïeule
qui se promène en moi
brûlant les feux rouges
aux intersections de ma mémoire

les millénaires m'épuisent
me font penser à un jeu sidéral

et si la terre brille encore
c'est surtout à cause du reflet de la lune
ou de quelques étoiles perdues
dans le dessin d'une rêveuse isolée
je ne me sens déjà plus là

SOUS LA HOUSSE DU TEMPS

Perdu au fond des sens
le jour ailé a revêtu ses plus beaux atomes
pour décrire la blancheur du corps
et le spectacle des formes

les mots eurent cependant faim de vibrations
mais sous la housse du temps
nous n'étions plus que jeux de matière
au soleil
des morts accouplés en orbite
des toupies au tournant des époques
des hauts et des bas uniques
des curriculum vitae en transe
et des brouillons pris de vertige

HEURES BLEUES

Si j'ai l'oeil étendu sur la paille
d'un vieux grenier clandestin
c'est pour voir
pour jouir
pour pouvoir jouir d'une goutte d'eau
petite larme revêtue de silences
devant le coeur secret des enfants chauves
qui sucent des songes au coin des rues

prise au piège par une voisine imaginaire
(ma plus proche éphémère jamais rencontrée)
je me demande si la lumière est allumée
ou non

mais je vis quand même
je vis comme une pendule sans avenir
oubliant les heures bleues
derrière mes rideaux

PAS VIOLETS

Viennent des jours comme ça
quand mes pas chaussent les pas perdus
des personnes aux pattes légères
de marches rapides et de jogging

ils errent d'une mort à l'autre
devant un crépuscule violacé

certains jours ne s'habituent pas
à la pointure de mes pas
vont se coucher sur ma mémoire d'enfant

viennent encore d'autres jours
qui me font mal aux pieds
ils dérivent sur mes pas essoufflés
puis s'en retournent à leurs affaires

il y a des jours comme ça
qui ne me ressemblent pas

IMAGES FROISSÉES

Devant les mirages plantés dans l'asphalte
je grisonne bêtement comme une fin d'été
engloutie dans l'ennui des autres
et je disparais dans mes pensées tropicales
en levant parfois le petit doigt
pour faire des signes aux passants
sans voir leur image qui me triture l'oeil
comme une plaie 

mais je n'oublie pas
que la voix des morts ne porte plus à rire
quand leurs cancers tuent sèchement les saisons
et je ne ricane plus devant le calendrier
où les matins n'ont plus de dates
ni de tendresse à mendier sur le corps
des disparus

JOUR CALCINÉ

Au centre de l'errance
mon lit a dû exagérer un rêve

c'était l'autre nuit
une nuit de cuir dans le spasme d'un cri
d'où personne n'échappe

c'était la nuit
ou peut-être un jour calciné
par les vapeurs d'un parfum noir
un jour momifié
dans la solitude vicieuse d'un rêve inachevé

mais cette nuit-là
je n'y étais pas
je veillais le jour dans son mouroir

EXTASE

Sous le poids du soir
une lumière attendrit la couleur
des mots crispés sur un corps céleste
ses morts exemplaires
et les quotidiens interminables
en extase devant une poudre d'os

d'une lèvre à l'autre
se propage le désir
pour affoler les gestes du corps qui attend
gelé 

viens prendre un bain dans mes veines

SOUVENIRS FLEURIS

étendus
les morts sont pâles et tristes
comme d'anciens vivants
qui ne font confiance à personne

ils attendent leurs sentences
sans pouvoir sortir du soir
vieux rose cendré

dans les coulisses
ils frissonnent devant un catalogue usé
que leur vie a avalé page par page
laissant une floraison de souvenirs
au seuil de la porte
sans frapper

DANS LE FOUILLIS DES SAISONS

La nuit s'enfuit
sous un orage mental
devant une lune calcinée
par les amours qui finissent mal
sur les rives trop embrassées
américaines

la nuit s'enfuit
dans le fouillis des saisons
quand les poètes maquillent de brume
leurs hivers
puis transforment la solitude des autres
en jeu de mots douteux

la nuit s'enfuit
comme une peine d'amour

FOULE ANECDOTIQUE

Des souvenirs furent oubliés derrière le décor
tels de vieux figurants qui attendent leur tour
des cendres dans la bouche
avec l'envie de parler du cri

mais le rideau ne s'ouvre pas
devant une foule anecdotique
qui frémit au coeur des morts
de janvier à décembre
sans applaudir

ils attendent toujours
ces vieux souvenirs gommés au programme

AUTOUR D'UN DÉLIRE

Quand le jour boude
la nuit déplace mes ancêtres
dans le champ voisin

ils rôdent en pointillés
sans savoir s'ils avancent
ou s'ils reculent
ils mijotent dans leurs désirs
ils ne ricanent plus
ils sont là comme des reflets du soir au matin
ils résistent aux heures
et leurs amours sont d'acier
leurs yeux gravitent autour d'un délire
ils n'y croient pas
nos fièvres les froissent
ils pincent nos petites morts quotidiennes
pour voir si ça fait mal
leurs images reposent
muettes

JOUR FLANEUR

Un dimanche se faufile à travers les branches
d'une fin d'automne
quand le temps passe près des amants
sans tricher
quand le texte saisit l'absence
et palpe le monde alentour
affligé par l'insaisissable beauté d'un secret

ce jour flâneur
promène mes souvenirs
comme un ennui sculpté sur mesure

JOUR D'OMBRE

Au jour des lessives
les corps délavés ont revêtu une vie immense
qu'un temps complice a déposé
sur mon silence

ils sont venus rêver dans ma demeure
barbouillant de cris mes murs
leurs cernes d'angoisse incrustés
sur mon tapis

laissons les songes à leurs songes
je déménage

SOUS LA CARESSE DES MOTS

Se saluer à travers la voix
à travers l'oeil
pour faire durer le temps
pour dérober l'espace entre nos gestes
et inscrire un pacte
au registre de nos mémoires

Se reconnaître à travers une parole intense
comme des fous entêtés
et sous la caresse des mots
diluer un peu de soi dans la lumière diffuse

UN DIMANCHE PROPRE

Menacée par les grands
toujours amers et sans refuge
la peau rieuse d'un enfant
n appartient à nul parent

elle connaît toutes les langues
elle a le privilège de la métamorphose
des amours subites
l'éclat du coeur tranquille
et des yeux qui labourent l'univers
entre deux silences

l'atelier du monde entre ses mains
elle conjugue les jours
en proclamant l'ardeur des belles dames
les prouesses des chevaliers
parmi les odeurs de cuisine
à l'heure du dîner

et quand vient le dimanche
le jardin est propre
très propre
trop propre
et l'enfant ne rit plus
il enjambe les chaînes des grands
en espérant que le ciel leur tombe sur la tête

CHAIR D'EMPIRE

Mon ami tranquille
longtemps déjà nous avons traversé la durée
à travers nos saisons si différentes
à travers nos passions oubliées
sur le coin d'une table

mon ami subtil
aussi vaste qu'un empire
que tes sens ont revêtu de chair
par-dessus la mienne
comme une moisson dressée
derrière la page blanche

mais nos mains peuvent encore ébruiter l'amour
trahir le faux de nos corps
quand le vrai se rit des interdits

PLUMAGE LUMINEUX

C'était un oiseau
bleu comme un ciel
le plumage lumineux
son bec soulevant mon coeur
jusqu'à l'entrée du soir

c'était un oiseau
doux comme un enfant
appelant la tendresse
comme un amant sur le sable chaud

TANGAGE

Sous un ciel démesuré
nous partageons le désir
en deux parties égales
l'une pour détrousser le jour
l'autre pour faire rêver la nuit
derrière un écran de fumée

comme des pierres resplendissantes
tes mots me draguent
frappent fort sur l'âme
me blessent de leur chant
me respirent jusqu'au cri

je verse alors ma nuit liquide
dans un ciel sans fin
pour faire vibrer le silence

le jour est fier
le coeur sent bon l'étreinte
et tanguent sur l'écume du lit
mes tremblements

AU TOURNANT DE LA NUIT

En attendant le retour du déluge
mes paroles se sont répandues
entre les gratte-ciel
et les aller-retours des sans-desseins
sous les parapluies du «monde à pied»
sur des avenues encombrées de rumeurs
et de boucane
parmi les vivants et les morts
dans les fours à pain noir
au tournant de la nuit
ses cordes à linges vides
la puanteur du ciel
les bonheurs qu'on baptise jour après jour
dans un silence infernal
et la poussière de l'absence
quand la langue brûle trop près du coeur

DÉRAPAGE

J'ai la savate qui claque
sous l'oeil démesuré de la nuit
ses gestes d'infortunes
durant les saisons mortes
dans les petites villes détestables
près de la rivière génétique de nos songes

j'ai la savate qui dérape
quand mes mots deviennent liquides
sur la dernière étoile du corps amoureux

ROUGE LE MONDE

Vous avez laissé échapper des souvenirs
sur le trottoir
piétiné les miens mortellement
graffiti sur les places
et rouge le monde

les mains propres
visage à découvert
vous me ressemblez à mourir

MÉNAGERIE DE PORCELAINE

Au bout de son sang
la terre recensa ses êtres blêmes
cette ménagerie de porcelaine
circulant dans le calcaire des villes muettes

c'était végétal et animal blessé
frères et soeurs aussi
venus vivre le vertige des vivants
sous un ciel en or massif
traînant leurs grosses pattes
dans les égouts de l'imaginaire
qu'un vent favorable peignait parfois en rose
parfois en gris 

c'était je pense un incident
à classer dans «faits divers»

NUS COMME DES GLAIVES

Les nuits sont trop courtes
les jours meurent trop vite
le temps veille à la lumière des mots
qu'une guitare accompagne
sur la neige dorée

des enfants circulent dans les veines du passé
ils caressent les orages dans la fièvre
de leurs envolées
et nus comme des glaives
ils s'entendent pour rire jusqu'au sang

désespérées
leurs blessures se jettent par la fenêtre
quand le soir se love dans le cou de l'hiver

PLAISIR DES PAUMES

Comme vous dessinez bien sur ma vie
quand votre murmure trace les lignes
de mon corps
évoquant l'oiseau imaginé
ses ailes de feu figurant sur vos paumes

Comme vous dessinez bien sur mon corps
quand vos paumes d'oiseau invoquent le plaisir
survolent les couleurs de ce lent destin
né agonisant

Comme vous dessinez bien sur mon âme
à genoux
devant la légèreté des mots qui naissent
sous les draps

PLEIN MATIN

Si vous voulez savoir où je suis
vous n'avez qu'à vous rendre au bord d'une rivière
sur la pointe des pieds
le temps où personne ne regarde
le temps de délier ma chair
et faire le plein du matin
le temps de rêver au fil de l'eau
sans déranger les verbes
le temps d'accorder mes mots sur les vôtres
le temps d'un enfant qui vous regarde venir
le temps de noyer le temps
et votre image dans la mienne

le silence est un projet qui me secoue franchement

VERTIGES DE L'EAU

Il se peut que tes douleurs me portent
jusqu'à la racine de NOUS
lorsque ma chair foule ma chair
invente une colère
pareille aux vertiges de l'eau

il se peut que je nourrisse ce désordre
en sirotant un café
comme une vieille amie refroidie
au fond d'elle-même
mais toujours remodelée
par la vague successive des heures

il se peut aussi
que j'aie envie d'aller coucher ma vie
sur la tienne
éprouvant en secret le désastre de nos deuils
et l'humour

BLEU DÉSERT

Au milieu d'un désert bleu
je suis infiniment azurée
parmi les corps plus grands que nature
et je roule dans le demi-sourire de l'aube
vers d'autres mirages
prenant forme de tout

l'hiver dans ses fourrures m'attend

LE FAUX DU FAUX

Quand mes yeux eurent conquis le soleil
mon coeur s'est réfugié
sous les cendres de mon désir
condamnant les abus du jour

mais le ciel en a vu d'autres
et les fous se sont empressés de m'inclure
dans un commercial à rabais
en attendant que la mort crache
sur leurs gilets
surtout les fins de semaine

maîtres féconds
ils ont toujours eu l'amour au large
loin de la vieillesse
leur sagesse comme une vertu détraquée

CETTE CHOSE QUI NOUS DÉSIRE TANT

On retombe toujours en soi
dans les poudreries du coeur
et les singeries perpétuelles d'une mort promise souffle après souffle

Jours par-dessus nuits, elle rôde sous des traits tout à fait naturels, sans gravité, nous jetant à la figure des questions de commencements et de fins. J'avoue que je ne tiens plus à fréquenter les phrases intéressées par la chose. Cette chose qui nous arrache aux heures, fait grésiller nos secondes, ingurgite nos devenirs, vient trop souvent interrompre les conversations. Cette chose qui nous désire tant. Laissons-la attendre. Ça lui fera une belle jambe!

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© Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / 2e trimestre 1993; 2e édition : 2001, 66 p.
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada,
ISBN 2-9802204-3-41 - Tous droits réservés

 

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