poésie de Huguette Bertrand


Deuxième partie



Pauvres amantes
liées au lit
d'un doux mensonge
ce songe dénudé
qui ronge
deux âmes en moi
émois derrière la porte
me portent
jusqu'aux abysses de nous
entrelacées dans un désir
à l'ombre
en cette chambre fluide close
sur les ébats décomposés


08.11.02

Tentation de l'être
tentative à naître
de l'oeuvre inachevée
parcours des sentiers
du corps tendu
par d'incessantes fièvres
marque la poursuite
des puissantes passions
jusqu'aux impitoyables murmures
enchassés dans l'âme
du présent


15.11.02

Une à une
les années glissent
les unes par-dessus les autres
stratifiées dans nos mémoires
se projettent en clins d'oeil spontanés
poétiques
sur le tableau actuel du vivant
échevelé

un autre jour une autre année
à poursuivre au calendrier des mutations
à travers le meilleur et le pire
dans un Cosmos
délirant

31.12.02

En un très court moment trop court
l'instant reprend son vol
laisse derrière
un désir profané
sur le corps gratifié
de crépuscule à aube
s'emmêle dans l'errance
des heures folles
rejetées sur les rives
au hasard des brumes
souillées dans le calque
des pas en allés


16.01.03

Un cri nous échappe
s'échappe de l'étrange
étrangeté des mots
caressés à l'envie
de la vague essentielle
à l'encontre du mouvement
spontané retenu
en silence compressé
ce terrible silence
échappé dans un cri


21.01.03

Quand se tendent les lèvres
vers l'échange d'une eau vive
pour la vie pour l'amour
des mots rouges se répandent
jusqu'à l'être déchu
en son lointain silence
par un lien invisible
se prononcent par le feu
par le chant lourd des femmes
appuyées sur le temps
et les courbes d'un désir


22.01.03

De si loin retenu
ce très long désir
emporté par la vague
sur tes rives joyeuses
brille encore et toujours
invisible et jongleur
vient glisser sur le flanc
de tes mots ultimes
caressés par le vent
du présent recueilli
en secret se repose
dans le feu de ta main

31.01.03

This dark dull evening
lasting too long
seeking for words
the words of a woman
in her distance so far
in her heart so deep
spreading her love
on that reddish old night

12.12.02

Combien de femmes
Combien de viols
empilés
around the clock
around the world
fucking around
around women
misère à poil
assassinée
à fourvoyer
les élégances
endormies

26.11.02

Sous l'haleine fraîche
fraîche haleine sous la pensée
un silence reconnaît
qui de l'invité
qui de l'hôte
hante le tout
en sa nature incertaine
tout à fait silencieuse
quitte et glisse
dans ce puits devenu chute
de la bienvenue

07.02.03

En mouvements désordonnés
le monde en perd le souffle
devant ces poches
à l'air
lancent des bruits des vides
avides
de tous les pouvoirs
et vils
faucons sur leur perchoir
et vite
sortez vos mouchoirs
va y'avoir du vide dans l'histoire
quelle erreur !
quelle horreur !

Bof... l'homme
à l'envie ne fait pas femme
et le détruit

12.02.03

Polaire
la poésie dérive du nord
par qui ose manger l'azur
nous entraîne dans son bleu
en Nunavut
apaise le coeur en ces jours bleuis
par un tumulte momentané
mangera le noir le rouge
sanguinaire
ne laissera qu'une petite tache bleue
dans le ciel de nos mémoires
d'enfant

21.03.03

JE RÉPONDS...

Je réponds que la mort se répand
en fauchant peu à peu dans le champ
du mensonge avéré se contracte
par les bouches haïssantes elle craque
de toute part son image dévoilée
dans les yeux des enfants ulcérés
leur regard projeté sur le vide
désespoir des espoirs réunis
se faufilent se répandent dans la vie
impuissants ils regardent abrutis

01.04.03

Je nous coule en duo
dans le bronze du passé
d'une parole chuchotée
sur les corps en cadence
se profile cet instant
d'un désir partagé
disparu dans le vide
d'un présent majuscule
imbibé de rosée

nuits d'amour désamourées
au bord du lit les anarchies
la fantaisie assassinée
au féminin sous la pluie
soulève les masques
abîmés

08.04.03

Jadis les déchirements
ensuite les enchantements
se sont enfuis
sur une terre tonitruante
trop pleine d'avenir
incandescente sous la cendre
reconquise par l'amour
si peu si doux
renvoyé en exil
dans ses mots
blottis dans un silence
il pleut des cordes
sur les jours rouges

10.04.03

Le monde est d'hiver
divers est le monde
s'enflamme en ses langues
ses muses sur l'autel
de ses dieux inventés
propagandes de ses gestes
de ses maux dans ses mots

Qué es la vida?
une larme dans la mer
millénaire dans un corps
abandonné à son oeuvre
de chair d'entre les chairs
d'amours effervescentes
d'espoirs avortés

Qué es la vida?
Qué es el amor?
qu'une larme avortée

21.04.03

Sous l'empreinte des mots
la voix blanche s'approprie
des gestes spontanés
se crée
se crie
se meurt dans la démesure
paroles des sens
envolées dans la mollesse des jours
sous le lustre du coeur fauve
empoigne la rude tâche
sous appellation contrôlée
à l'enseigne des pas nonchalants
se crée
se crie
se meure un projet mort-né
reprend la marche
reprend les mots
sur la voie blanche
appropriée

05.05.03

Dans le profond de la nuit
une lune incertaine maraude
s'immisce au creux de l'âme
d'un regard
embrasse les étoiles
embrasse le doute
mais ondoie plus avant
à la recherche de quoi ?
Un simple sourire
un sourire amical sur la Terre
pas très loin, tu sais,
sur ton épaule
l'esprit d'un oiseau
un baiser pour chant d'amour

21.01.00

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version livre
© Éditions En Marge
Dépôt légal / juin 2003, 53 p.
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISBN 2-921818-33-7
Tous droits réservés


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mise à jour 24 mai 2003