Huguette Bertrand
LA POÉSIE SE MANGE CRUE
poésie
|
ces textes sont paginés comme dans le livre papier
Sous
la saignée des mots la nuit s'enfonce dans les mirages d'une histoire inachevée au matin annonce l'éclat de vivre d'un doux printemps Connectée
aux fils tissés doux
7 |
Tendre
la perche
sur l'étang l'étendue les temps tout tendus à l'heure des atomes crochus Dis Gital,
comment ça va ? je coule
noir dans la bête
|
Gicle
la puissance des mots accordés aux mondes subtiles de tous les passés présents et à venir Images intimes des masses sombres portent les songes à peine nommés sur l'écran des murmures s'éclatent en mouvements rebelles à l'heure des solitudes Asservie L'autre voyelle
voit-elle Qu'on sonne
aux portes 9 |
Que
les Aphrodites se lèvent
et se dirigent toutes vers le bar des incantations soulevant leur coeur à la santé des amoures libérées Honorés
de gestes rares Dans la
soie soyons soyeuses Tout près
gît une feuille verte
|
Je
bois un expresso en lorgnant mon clavier Je pose mes doigts sur les touches Je regarde l'écran et vois défiler les lettres de l'alphabet Ces lettres forment des mots allongés sur l'espace-temps telle une pieuvre effleure les fibres d'un toucher subtil mais encore faut-il enlever l'armure et s'abandonner au murmure en oubliant les distractions coincées entre les murs et l'événement événement de la parole des gestes tendus révoltés Cd, crayon,
chewing-gum 11 |
Propriété
intellectuelle
en mal de possession de mots d'idées, de femmes, de chiens, de chats et de papier chiffonné haché, digéré engrais pour faire pousser des fleurs géantes sur les tombes douloureuses à angles obtus S'enfonce
le clou Cul par-dessus
tête
12 |
La flamme 13 |
|
Et
si le doigt appuyait sur le désir les espaces numériques pourraient rejoindre le rêve pour assouplir les gestes conciliables Suffit-il
de laisser flotter Nul espace
ne pourra envahir Faudra t-il
assassiner le doute Ondes et
papier s'éclatent Un nuage
passe
|
Les
purs désirs se propagent dans l'amertume
des mystères noués à l'aventure matricielle vont choir devant le miroir des paradoxes écoeurés de dogmes, de rites et de mythes éloges des gorges déployées C'est dingue
mais ça tient tout seul Finalement
le retour des impossibles
|
Devant
la pâleur du ciel les paroles se déshabillent à tour de rôle Lentes paroles puisées dans les remous de l'histoire se croquent sur les écrans enfiévrés rêvent de papier On soupire,
on aspire, on respire, on transpire Rituels amazone
sur l'autel des randonnées dantesques Les mains
lentes poursuivent la chevauchée inerte Le swing
désossé 16 |
Désarticulées
les langues vont s'échouer dans les histoires de l'une quand l'autre transfigure le poème dans le dit des mots récupérés déroule le temps et l'espace puis s'envole dans le hasard des choses inlassablement reprend la marche dans le sens des heures sous le doigté d'une mémoire insensée quand tout tourne en rond dans le projet du poème glisse dans l'en faire des phrases rouges Dilemme ! Ô
flamme des femmes éternelles ! Un message
d'envergure s'est pointé le nez 17 |
Les
heures passent les années aussi à la dérive dans l'inconsistance des portes s'ouvrent d'autres se ferment la gueule sous mes doigts hésitants Figée
dans ce délire des phrases Devant cette
toile mécréante Trempés
dans la forge des sens
|
Enchevêtrés
dans le fluide du temps
paroles et gestes se sont tus ne reste que mots d'amours En pointillés
nuit et jour Devant
le tableau des destinées mutantes Qu'on tourne
la page Mots à
chaud
19 |
Toute
l'Histoire du monde est un roman de tiques aggravés mijotant dans la marre des amertumes ! Ne reste qu'à lancer le cafard dans ce capharnaüm histoire de se rincer l'il jusqu'au sternum pour rééquilibrer le budget de nos déficiences épisodiques Passons maintenant
à la déchéance Devant ce
spectacle en mal de poux À
vrai dire je préfère tirer des traits d'union sur la foule
|
Stopper
les machines !
Changement de cap vers les corps reliés sens enfiévrés dans la matière brute des hasards avortés Larguez par-dessus bord les larmes grises les larves soumises suspendues au mât des volontés permises Par grand
vent par tempête Nomade
sur ma chaise Une main
se tend se retire À
minuit moins cinq
|
Elle
appliquait des styles incongrus devant mes neurones chauffées à blanc suite à la pétarade d'une de mes fusibles cervicales qui interpréta ce langage fumeux comme une glissade à travers les doutes et les tourments Soyez bénis
mesdame de la survivance Mais avant
tout
22 |
Dans
la fosse de l'orchestre
un écho un air de blues diffusent des vestiges des vertiges quand tout fige dans la mélancolie quel litige ! L'expression
en trompe-l'il Ça
sue mollement Dérive
l'Éros des félines 23 |
Pendant
que ce texte mijote dans l'extrême je viens poser ma griffe maligne sur la danse des mots en orbite autour du chapeau aux rythmes des amours envolées Je glyphe
et je graphe sur l'état nébuleux Ô Vénus
déesse dévoilée Jouez, chantez
dansez 24 |
Emporté
dans le tourbillon
des rimes apostrophées inutile de donner des coups de pied dans la matière car le désir incompressible se tiendra toujours au garde-à-vous devant l'appel aux âmes Ainsi en
a décidé la poupée russe En équilibre
sur le mouvement perpétuel
25 |
Désarçonnée
je glisse éclatée dans l'amphore des mots puis me remet en selle élancée dans l'émoi que deux claques vaut mieux qu'une tu l'auras ! De surprise
en emprise 26 |
Cette
musique Mp3 me montre le tableau de Vermeer
et cette fille qui me regarde une perle à l'oreille passion de jadis conjuguée à l'ivresse des gestes et regard disparus Parure
d'une pensée mutilée D'un clic
de souris Ainsi parla
t-elle d'un demi-ton 27 |
Foncer
dans ce décor fragile à pied levé ravive les ondes lubriques d'un soupir défloré Lézardé
le jour gisant vaincu Je grimpe
sur les murs Dans le mouvement
d'un temps rare Nuits gémissantes
incarnées
28 |
Décolérée
sur le pont
je largue les y'en a marre et plonge dans le refrain du silence oubliant les versets chimériques j'ouvre le diaphragme et lance à ciel ouvert des jets de femme sur les lendemains frileux Bouffée
d'une rose éclose Au programme À
l'intermède un vignoble non fermenté Une vague
saline soudain m'empoigne 29 |
Un
bouquet de muguet vient répandre son odeur au pied des ultimes essentielles en sursaut fait grimper très haut et renvoie l'ascenseur des adages volages dans le fou des bisous en sauce-crème à se fourrer partout Par des mots
tactiles En ligne
s'alignent des miaules et des chuchots, Sortez le
gréement 30 |
En
ramant jusqu'à l'aine
les ardeurs ont saoulé le vaisseau Quand l'écume folichonne je rabats le couvercle en tapant du chausson Stoppons
les machines Encerclées
de noirceur Cette nuit
trouble-fête suspendue au pied du lit S'épousent
alors les insomnies 31 |
Retour au sommaire de l'Espace poétique
©
Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / février 2010
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
ISBN 978-2-921818-60-5
Tous droits réservés pour tous pays