Première partie
LES
VISAGES DU TEMPS Tellement loin tellement proche quand ça fourmille d'habitudes de grimaces entortillées autour du présent ça remonte et ça descend des rivières infinies frôle les astres dans l'immensité du coeur ses musiques d'accords brisés fragments d'un noir soleil répandus sur la peau des fleurs rosée matinale sur le visage toujours révélé par le frisson des pas absents Cette faim d'hier soulève les heures mortes caresse le contour des saisons quand tout commence à frémir dans ce gel du temps gel de nos temps racoleurs s'agrippe entenaille les désirs désirs de retrouvailles des premiers sons de la terre me transportent sur leurs vagues dérivent sur une lumière au gré des mouvements tendres fulgurants m'empoignent me ramènent sur des grèves impossibles vibrent de mots naissants vont me perdre dans le silence à tout jamais |
Naître
dans le giron des couleurs nues |
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SI
TANT DOUX Si les ailes te poussent rose de nuit la lune te semblera ailée la nuit te portera vers des étoiles à faire craquer le coeur si tendre si doux si tant doux au temps doux du temps |
PLEIN
SILENCE |
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FONTE Ce ciel d'avril lance ses éclaboussures de soleil fondant sur mes âges fragiles J'ai mille ans peut-être même plus. Je ne compte pas mes pas d'un temps défini. Je préfère l'infini, l'ailleurs, l'innombrable. J'erre au delà des habitudes. Je parle en langue svelte, langue incontournable des émois lancinants. Un lance-émois, une plate-forme pour les âmes habituées au silence. Lancez-moi par-dessus bord et je ferai dix vagues a capella. J'accaparerai vos émois à en faire sauter vos fusibles. Sans doute qu'il fera noir. Mais le noir, ça n'a jamais tué personne. S'il n'y avait pas de noir, on ne pourrait le comparer au blanc. Pellicule renversante plongée dans l'onde d'une âme multiple en tournée dans le sens des aiguilles. Ne laisse aucun repos dans le lit des indépendances. Ne laisse aucun choix d'approuver ou de désapprouver. Ne laisse passer qu'une infime lueur à travers le voile opaque de la peine heureuse. Ne reste qu'à parler du silence têtu à travers le grillage des interruptions des absolus dans ce rêve infini d'images de sens livrés au sens un silence de mort prématuré rassembleur de fausse monnaie |
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INSPIR
LIQUIDE |
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MYSTÈRE
DES BÊTES À PAROLES Drôle de bêtes emprisonnées dans des corps trop lourds. Prisons humaines dans le jouissif des séductions, éclatent en moments insaisissables, s'écrivent et fusent essentiel à travers le voile du non dit. Fuse la paix des linges transportés par les marées Fusent les marées silencieuses jusqu'à l'intime des solitudes Fuse la solitude parmi les lueurs de la beauté Fuse la beauté des langues apprises dans le secret des complicités Fuse la complicité des mots approuvés par le désir Fusent les désirs jumelés aux verbes entretenus Fuse le verbe fermenté dans l'écho dans l'espace dans l'extase |
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PLAGE
SAGE |
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FRÔLEMENT
DROLEMENT Au jardin des prononciations une parole remue la terre creuse des sillons sème des signes vertigineux quand la main frôle l'instant |
ERREMENT Les vertiges parcourent les nuits ondulées vestiges des mouvances d'une lune ancienne délaissée sur la page des enchantements |
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À
L'ÉCRAN L'ERRANCE Quand les battements sont de rigueur le convenu devient obscène de nulle part de partout la langue viole l'indicible se moque des chastetés intelligibles en ces moments d'ablution sous-marine sous-jacente emportés dans ce remous des voix caressantes donne du sens aux sens dans les parfums que répandent les cris À l'infini des courbes les odeurs du silence rampent jusqu'à l'essentiel encerclé par les instants d'une surface démesurée espace des transfigurations |
RESSEMBLANCE En leurs chastes tutoiements les solitudes s'absentent jusquau quai des emportements où la vague s'obstine touche secoue prononce la courbe du corps des mots dans l'espace hume le parfum des cris poreux Long comme le jour un baiser se prolonge dans l'interdit croisent les langues perdues dans ce lieu fluide des rapprochements |
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ENTRE
GUILLEMETS Perdus dans les forêts du Nord, les secrets glissent dans le silence, accordés aux bruits d'un big town, dans une chambre errante entre les errances, s'absorbent, dérivent sur les jours. entre guillemets reposent me reposent sur un temps démesuré me projettent sur l'aube d'un regard nu le ventre aspiré par les battements fluides du va-et-vient des mots en ce non dit de l'existence insatiablement le silence des nuits enchante le contour des jours |
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CRUE
ROSE |
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AU
COEUR L'INSTANT ...et l'ombre la regarde sous sa nappe brillante comme le jour ressuscité la regarde à travers la main qui tire les mots hors de l'ombre Cette main ensoleillée pose ses empreintes au coeur de l'instant verse des lumières effervescentes sur l'horizon devant la mer enroule les jours autour du corps dressé les écrits la déplient la fibre suit le mouvement des vagues dérive le paysage en sa nuit |
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LE
TEMPS ABOLI |
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TRACÉ Dans le suivi du mouvement, des murmures renaissent, toujours renouvelés malgré l'absence, dans ce jus humain comme un rappel de nos ressemblances.
Elle s'en retourne aux abois sur le tracé invisible d'une mémoire vive |
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PRONONCIATION Les mots me parcourent dans tous les sens par ma démesure toujours me ramènent à l'essentiel ce ne sont pas que des mots c'est une parole qui se prononce dans le prononcé de l'être c'est une mémoire en mouvement me déchaîne me renvoie au silence me reprend me projette entre les failles des murs au menu de l'interdit |
SOUSJACENDRES En ses coulées une montagne écoute les plaintes d'un monde éclaté douce violence douce présence doux est l'écho souvenu trop forte chose trop forte dose oeuvrent les désirs en ce silence phosphorescent |
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PACTE
IMPACT Liée au blanc originel une absence hante l'histoire cache ses échos sous la langue renouvelle la couleur du vivant ses coulée de lumière déversées sur des montagnes de silences projette sur le tableau l'image d'un chant immobile |
SUEURS
D'ENFANCE À même la vie les petits esclaves que la cupidité soustraie de leur enfance ne chôment pas de leur âme perlent des sueurs sur leurs rêves désenchantés ils rampent vers leur nuit abandonnée à l'espoir d'un simple sourire au coeur de leur émoi |
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CONTACT Des poussées de violence contenues dans un tout petit rien primaire s'épellent sur quelques lignes partagées éclatent sur les jours sans fracasser les fenêtres |
CONSENTEMENT Ah ! la vie folle la folle vie toujours transporte nos aujourd'hui dans les ailleurs quand les ailleurs ne portent plus la vie à son meilleur enferme le trou dans son égout retrouve la folle retrouve la vie la folle vie d'ailleurs l'ailleurs la vie follement consentie |
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TRILOGIE SARCASTIQUE
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BLEU
FRAIS ET FLUIDE Léclat des feux des orages de la nuit sillonnent les jours rouges fait place au bleu frais fluide des recommencements toujours s'inspire au passé, s'amalgame au présent, délivre l'instant Ce vertige indomptable agrippé à l'écho des cendres, traverse le ciel endommagé se transmet fluide à travers les éclats de vide, le plein des sens, les sens abreuvés à la source des couleurs toujours fauves des mots transfigurés Le temps s'étire le temps chavire en ces jours nonchalants qu'un hiver attend |
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CHAUD
ET COLLANT Sous l'apparence des dehors desséchés les heures lèchent les aisselles d'une mémoire ruisselante lancent le jet des douches réclamé par la passion des amours habitées |
PLONGÉE Insoutenable regard traversé par les jours cette emprise invisible que transporte la parole en eaux vives de l'ivresse de la chute en plongée jusqu'à l'être en remous en silence en sourires transportés par le vent vers ce lointain regard recueilli |
©
Éditions En Marge et Huguette Bertrand
Dépôt légal / octobre 1999, 61 p. Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada, ISBN 2-921818-16-7 - Tous droits réservés |
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